« Que la vie est amère quand on la boit sans sucre! » disait toujours ma grand-mère.

« Il y avait, avant, une petite mercerie rue Fécauderie, non loin de chez toi grand-mère. L’ambiance était chaleureuse et tellement cosy, et la mercière Mme F. Marfaing vraiment adorable!… Malheureusement la boutique n’existe plus à présent.
«Je me souviendrai toujours de cette fameuse semaine de février il y a six ans où je séjournais chez vous, et vins travailler dans cette merveilleuse boutique de rubans, de laines, de tissus à patchwork…
« Que de choses cette dame m’y apprit sur ces arts anciens que sont les travaux d’aiguilles! 

« Là, elle m’initia à cette broderie traditionnelle Norvégienne dans laquelle elle excellait, pour en avoir même écrit un ouvrage: le Hardanger. C’est grâce à son enseignement que je réalisais mes deux premiers ouvrages de Hardanger ; deux petits berlingots que je vous offris à toi et à grand-père. Ils étaient en toile à broder bleu clair et le motif en losange était brodé d’un brin de coton en dégradé de roses. Ils étaient destinés à pendre à des poignées de portes suspendus par de minces rubans de satin mais vous les agencèrent à votre convenance et de manière tout aussi harmonieuse, toi au candélabre près de ta chambre, et grand-père, à la poignée du tiroir de son étagère blanche. »























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« Aujourd’hui, je ne compte plus ces petits ouvrages de broderie ajourée, offerts à de si nombreuses occasions : naissance,  anniversaires et même mariage! 


J’ai terminé finalement, dimanche, le tout dernier en date; un délicat berlingot de la Fête des Mères, conçu et confectionné avec toujours autant de plaisir que les précédents et inspiré des deux vôtres!… Un présent qui n’a d’ailleurs pas plus atteint son emplacement consacré, mais au final n’est-ce pas la particularité de ces subtils ornements ?… Qui, une fois n’est pas coutume,  savent s’adapter à la sensibilité de leur propriétaire! »