Le bain culturel finlandais:
Et dans ce pays merveilleux ce que l’on appelle activité culturelle concerne toutes les couches de la société. Eh oui, même le plus robuste des tatoueurs n’est pas obligé de passer son existence à ignorer Dvorak, Mozart ou Wagner. À titre d’exemple un finlandais emprunte en moyenne 19 livres par an, et 1/3 lit une oeuvre de littérature par mois (source: https://finland.fi/fr/culture/la-litterature-finlandaise-aujourdhui-un-monde-de-voix/ ). Il ne sont pour autant pas plus ennuyeux que ceux des autres nationalités, mais, comme pour n’importe quel autre hobby, ils sont sensibilisés aux oeuvres «classiques, et apprennent à les apprécier. Le « libre accès à la culture », telle est leur politique…
Ah comme j’aurais apprécié grandir dans un tel pays!!! J’aurais aimé connaître plus tôt ce que je ne découvre qu’aujourd’hui. L’Opéra.
Et pourtant ce n’est pas faute d’avoir eu des grands-parents prévenants à cet égard… fredonner Verdi en épluchant du fenouil n’avait vraiment rien d’exceptionnel!
Mais ce n’est pas cela qui fait que l’on va écouter un opéra en entier!
La peur de ne rien comprendre.
La peur de ne pas aimer les voix.
La peur de s’ennuyer.
La peur de ne pas « comprendre ou reconnaître la mélodie » et de ne pas aimer la musique.
Je dois avouer que tout cela me pétrifiais… mais bon sang, on ne peut pas garder cette «ignorance» toute sa vie! L’ignorance ne tue pas, certes, mais, si l’on en croit Averroès, « l’ignorance mène à la peur, la peur à la haine, la haine à la violence »… et comme ce qui ne tue pas rend plus fort… bref vous avez compris.
Un opéra à l’opéra:
Nous connaissons bien plus d’airs d’opéra que ce que l’on pense, c’est ce dont je me suis aperçu en allant voir Le Nozze di Figaro, le mois dernier à l’opéra d’Helsinki. Je suis partie persuadée de connaître au moins le « voi che sapete" et la pièce de théâtre de Beaumarchais. Et là, merveilleuse surprise, dès l’Ouverture, la musique est gaie, sautillante, enjouée, tout de suite familière. Merci Mozart!
Mais commençons par le commencement. Un opéra à « l’Ooppera », bien sûr, autant mettre toutes les chances de son côté (ou plutôt du côté de la pièce). J’adore l’opéra, à la différence du cinéma ou de youtube, c’est le travail de centaines de personnes. Chaque représentation est unique, et c’est un moment unique lorsque l’on y assiste. On a beau écouter, réécouter, ou regarder à nouveau, plus tard sur CD, DVD, internet… « le vrai » n’y est plus. Car l’Opéra fait vraiment du rêve une réalité (selon moi). Lorsque des danseurs, après des dizaines d’années de travail, se jettent dans les airs comme des oiseaux, et aussi naturellement semble-t-il, nous ne remarquons pas qu’il s’agit d’êtres humains fait de la même matière que nous autres (… ou pas ;) Ou bien lorsqu’un chanteur et un musicien produisent eux aussi le fruit d’années et d’années d’entraînement, qui va aller réfléchir au fait qu’il est simplement le meilleur dans son domaine. En outre, c’est un son pur que l’on écoute, pas de micro ni de hauts-parleurs. Un ramassis de perfections qui ne s’acquièrent que par des vies entièrement consacrées à cela.
L’ « Ooppera » d’Helsinki est aussi toute une ambiance. A cette période de l’année, on se dirige vers l’opéra, alors qu’il fait déjà nuit. Les gens affluent de toute part, et vers six heures et demie, on voit des cohortes de spectateurs traverser le grand carrefour, en sobre tenue de soirée sous leurs longs manteaux d’hiver sombres, et la cour de l’opéra invite les petits groupes à se constituer avant d’entrer dans le grand Hall illuminé. Plusieurs mètres au-dessus de leur tête, une rangée de petites fenêtres carrées brillent dans le noir, et l’on imagine déjà les artistes en train de se préparer avant la montée sur scène.
À l’image de la Finlande, l’opéra est l’alliance subtile de traditions, us et coutumes de toujours, dans un écrin à la pointe du design et de la technologie. Vous ne verrez pas de dorures, marbres et moulures dans cet opéra, par contre il y fera chaud, et les gens qui y travaillent sauront se montrer présents pour répondre aux besoins des spectateurs sans ajouter de caractère pompeux à une soirée qui se veut juste Agréable. La salle de spectacle a été conçue elle aussi de manière à être pratique, confortable, avec une qualité acoustique et visuelle excellente quelle que soit sa place. L’aspect le plus emblématique du spectacle est la cacophonie de l’orchestre avant le spectacle, on déniche une bride par-ci une bride par-là le tout noyé dans un océan de mélodies disparates de tous les instruments en même temps et mêlé au brouhaha du public. Puis la lumière s’éteint, le silence s’installe, et le chef d’orchestre fait son apparition.
Le nozze di Figaro:
Je ne pourrai en aucun cas vous transmettre l’expérience d’écouter et voir un opéra dans un vrai opéra, mais j’espère vous transmettre ce désir si vous ne le connaissiez pas jusque là.
En attendant, je vous propose de vous faire découvrir Les Noces de Figaro, que je suis allée voir en octobre. Il ne s’agira pas de le voir en entier mais de vous faire écouter des morceaux choisis (que je préfère) sur la trame de l’histoire. Avant toute chose (et pour éviter d’être obtus dès le début), un petit conseil: l’opéra, plus que les autres genres musicaux (à mon humble avis) est un genre qui s’écoute , évitez d’en faire un son qui comble le silence vous risqueriez de passer à côté de ce pourquoi des centaines de milliers de personnes l’ont écouté et l’écoutent encore aujourd’hui.
ACT I
La scène s’ouvre sur la future chambre de Figaro (valet de chambre du comte) et de Suzanne (femme de chambre de la Comtesse et fiancée de Figaro), attribuée par le Comte au futur couple.
cinque…dieci : Figaro mesure l’espace pour placer le lit nuptial (scène que l’on retrouve dans « Amadeus »). Puis ils se querellent au sujet de l’emplacement de cette chambre. A la fois à bonne distance pour servir rapidement le Comte et la Comtesse selon Figaro, mais trop près pour Suzanne, importunée par les avances du Comte.
Figaro qui découvre pour la première fois les vues du Comte sur sa fiancée promet de déjouer ses plans.
Bartholo (le médecin) et Marceline (la vieille gouvernante) entrent alors sur scène. Marceline amoureuse de Figaro, demande de l’aide à Bartholo afin qu’il lui permette de faire respecter un ancien contrat passé avec Figaro, stipulant que s’il ne remboursait pas une certaine somme empruntée il y a fort longtemps, il s’engageait à épouser Marceline. Bartholo accepte pour se venger de Figaro. (« Le Mariage de Figaro » est précédé d’une autre pièce « Le Barbier de Séville » dans laquelle Figaro aide le futur Comte « du Mariage de Figaro » à épouser Rosine, la future Comtesse, et nièce de Bartholo, et cela au nez et à la barbe de ce dernier.)
S’ensuit une confrontation entre Marceline et Suzanne mais qui se retourne contre la gouvernante.
De retour dans sa chambre, Suzanne est surprise par Chérubin (le page du Comte) qui lui raconte d’une part que le comte, l’ayant aperçu seul avec Barberina (cousine de Suzanne et conquête du Comte) l’a congédié, et d’autre part qu’il est amoureux de la Comtesse. Il vole d’ailleurs à Suzanne un ruban lui appartenant.
Puis soudain le Comte apparaît, dans le but de faire des avances à Suzanne. Chérubin se cache derrière le fauteuil, tandis que le Comte s’assoit dessus.
Survient alors Basile (le maître à chanter). Le Comte glisse derrière le fauteuil, Chérubin glisse derrière la psyché, et Basile s’assoit sur le fauteuil laissant échapper le secret de Chérubin. Le Comte furieux sort alors de sa cachette et finit par découvrir le « trio ». L’apparition de Figaro calme le jeu, le Comte promet d’être indulgent envers Chérubin, il lui offre une place dans son régiment à condition qu’il quitte la maison à l’instant.
Figaro, ignorant de l’amour du page pour la Comtesse, se moque de Chérubin, bientôt soldat (farfallone ).
ACT II
Nous voilà dans la chambre de la Comtesse. Celle-ci s’attriste d’être délaissée par son mari ( porgi amor). Mais Suzanne arrive bientôt accompagnée de Chérubin, invité à lui chanter la chanson écrite en son hommage et détenue par Suzanne (voi che sapete). Elles décident de le déguiser en fille afin qu’il puisse rester à la maison incognito.
La Comte apparaît une lettre anonyme à la main (écrite en réalité par Figaro souhaitant reporter l’attention du Comte vers sa propre femme) informé d’un rendez-vous galant de son épouse. Suzanne se cache derrière le paravent, Chérubin se cache dans la pièce à côté mais renverse malencontreusement un meuble. Le Comte soupçonne alors la présence d’un amant, là où sa femme assure que ce n’est que Suzanne. Le Comte l’entraîne donc avec lui, le temps d’aller chercher de quoi ouvrir la porte verrouillée. Pendant ce temps là, Chérubin et Suzanne intervertissent leurs places. Chérubin s’enfuit par la fenêtre, et Suzanne s’enferme dans le cabinet.
A leur retour, la Comtesse avoue la présence de Chérubin. Le Comte en colère enfonce la porte mais tombe à son grand étonnement sur Suzanne! Elle lui explique qu’il s’agissait d’une farce destinée à le rendre jaloux.
Le Comte réprimande Figaro qui vient leur rappeler leur noce.
Antonio (le jardinier et père de Barberina) apparaît à son tour. Il porte avec lui la nomination de Chérubin, tombée de la poche « de l’homme qui vient de sauter par la fenêtre de la Comtesse ». Figaro tente de sauver la situation en expliquant que c’était lui, afin de faire apposer le cachet manquant du Comte.
Bartholo et Marceline apparaissent brandissant le contrat au grand dam de Figaro confronté à Suzanne furieuse.
ACT III
Suzanne fait savoir au Comte qu’elle consent à le retrouver dans le jardin.
S’ensuit le procès de Figaro, où l’on découvre le pot aux roses: Figaro est le fils naturel de Marceline et Bartholo, abandonné à la naissance. Le contrat est donc caduque.
La Comtesse quant à elle s’apitoie sur son sort (dove sono), lorsque Suzanne la rejoint et lui annonce l’entrevue avec le Comte. La Comtesse fait alors écrire à Suzanne une lettre à donner au Comte afin de se jouer de lui. (duettino sull’aria) . Il lui faudra notamment renvoyer l’épingle comme signe de bonne réception.
Un choeur de paysannes avec parmi elles Chérubin donne une sérénade à la Comtesse. Cependant le Comte reconnait Chérubin, se fâche mais est apaisé par le billet que lui tend Suzanne.
Figaro et Suzanne, Bartholo et Marceline se marient, tous festoient.
Act IV
A la fin de la fête Barberina se lamente. Elle a perdu l’épingle à remettre à Suzanne (l’ho perduta). Malheureusement elle en informe par mégarde Figaro. Celui-ci est déçu de l’inconstance des femmes. Marceline tente vainement de l’apaiser. Rien n’y fait, Figaro souhaite confondre les amants.
La supercherie de la Comtesse consiste à échanger de tenue avec Suzanne pour ainsi aller elle-même au rendez-vous du Comte. Le jeu de dupe fonctionne à merveille, « Suzanne » suit le Comte. Or Figaro réalise enfin la supercherie et afin de se venger de Suzanne qui l’a laissé dans l’ignorance, fait la cour à la « Comtesse » (Suzanne) au grand agacement de cette dernière. Elle lui reproche de faire la cour à une autre femme tandis qu’il lui avoue l’avoir reconnue dès le début.
Le Comte survient, fou de rage, bien décidé à châtier la témérité de Figaro à courtiser la Comtesse.
Mais la vérité éclate au grand jour. Le Comte est alors contraint d’implorer le pardon de la Comtesse (contessa perdono). Chacun se réconcilie et célèbre les jeunes mariés.
Toutes les images de scènes sont tirées du livret Le Nozze di Figaro, Oopera Balletti.